C'est en Uruzgan, où nous nous sommes rencontrés lors d'un reportage avec l'armée, qu'est né ce projet photographique: Philippe de Poulpiquet, photographe, grand-reporter au Parisien/Aujourd'hui en France, s'est rendu à cinq reprises en Afghanistan. Anne-Cécile Juillet a été l'envoyée spéciale pour Le Parisien à Kaboul et Deh Rawood, également pour le Parisien, où elle est reporter au service société et Benjamin Gamaury, ancien caporal-chef des troupes de montagne au groupement commando montagne.
Mais c'est en France que nous avons choisi de suivre ces hommes et leurs proches, frappés de plein fouet. Le point de départ symbolique fut pour nous le décès du cinquantième soldat, Thibault Miloche. Nous avons assisté à ses obsèques. Sa veuve a compris notre démarche et accepté que Philippe de Poulpiquet la photographie dans sa nouvelle vie. Les autorités militaires, particulièrement la CABAT (cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre), dont nous nous sommes rapprochés, nous ont apporté une aide précieuse en nous ouvrant leurs portes pour nous mettre en contact avec des soldats blessés, mutilés et des familles endeuillées. C'est ainsi que nous avons pu commencer à photographier Kevin, Slimane, Jocelyn... Depuis un an, nous les suivons dans leur foyer. C'est une façon pour nous de leur rendre hommage, d'effectuer un travail de mémoire.
Ce projet a aboutit en octobre 2013 à la publication d'un livre. Il s'agit avant tout d'un travail photographique, accompagné de témoignages écrits. Par pudeur face à la douleur, nous avons choisi des photos en noir et blanc. Nous souhaitons montrer la reconstruction au quotidien de ces soldats, sensibiliser le grand public à leur sacrifice trop peu valorisé. Témoigner, en somme, de leur
« nouveau combat ».